SUR LA MÉTHODE D’ANALYSE DES MYTHES CORPORELS (AMC©)

C’est une méthode d’art-thérapie qui, pour atteindre l’inconscient, transplante les principes de l’analyse classique jungienne au niveau du corps et de l’image-symbole. Elle remplace les libres associations par des expressions libres dans le champ des arts plastiques.

L’AMC® travaille également l’image psycho-corporelle et la définit dans un cadre proche de Gaston Bachelard qui parlait de  » l’être qui se différencie pour être sûr de devenir « .

Dans la pratique de l’AMC© l’utilisation des contes et des mythes sont un rôle essentiel car les contes s’articulent autour des expériences interpersonnelles concrètes dans la vie d’un individu. On reconnaît dans le récit des contes et des mythes notre vécu et sentiments personnels. Ils expliquent, extrapolent et vérifient ceux-ci.

Avec la compréhension des « mythes collectifs » qui s’expriment dans les récits, on approche une compréhension plus profonde et plus authentique de nos « mythes personnels ».

Dans sa démarche thérapeutique, l’AMC© s’engage à accompagner le processus de transformation de l’Imaginaire en Imaginal en appuyant sur les recherches d’Henri Corbin et de Pierre Solié. Mettre en service de la transmutation d’un « vécu pulsionnel » (souvent lié à un traumatisme) en un « sens vécu » pour amener la personne vers la sublimation, comme une forme d’intégration et de guérison.

L’HISTOIRE DE L’ART-THÉRAPIE QUI PERMET AUSSI DE SITUER LA MÉTHODE DE L’AMC

L’art-thérapie est une pratique thérapeutique avec une médiation de l’expression artistique spontané.

Si nous reprenons l’historique…

… au commencement, était « l’art psychopathologique » qui marquer l’intérêt des psychiatres pour les productions artistiques des « fous » (de leurs fous ?) et la valeur psychopathologique de ces œuvres.

1872- Peintures des fous

Voici née le premier texte sur l’intérêt des « peintures des fous », publié par Tardieu Ambroise (intitulé : Etude médico-légale sur la folie) où est développé le « mythe de l’artiste fou » en relation avec le décadences mentale.

Peu de temps plus tard, en 1907, dans l’écrit d’un médecin à l’asile, Paul Meunier (sous le pseudonyme de Marcel Réja) sur « l’art chez les fous », cette vision culmine dans la théorie que, la maladie mentale éloignant de la réalité quotidienne permettre de retrouver l’innocence créative au même titre que l’enfance ou l’état sauvage.

1922- Expression de la folie

La publication de Prinzhorn Hans (assistant à la clinique psychiatrique de Heidelberg) sur l’« Expression de la folie » ouvre une nouvelle porte pour la compréhension. Il récolte dans une collection exceptionnelle de l’époque, de quelques 5 000 peintures et dessins venant d’environ 450 malades mentales de pays européens.

Là, il s’agit d’un œuvre clé ayant une influence formidable sur le monde artiste, surtout Max Ernst qui vient d’installer à Paris et amènera un exemplaire à Paul Eluarde qui fera circuler immédiatement parmi les surréalistes.

Jean-Pierre Klein écrit sur Hanz Prinzhorn :

« …Il n’est pas seulement un psychiatre, c’est un esthète et un artiste. Il étudie l’histoire de l’art, la philosophie et le chant….Se disant proche de la pensée indienne Navajo, il est un ami de Nietzche et collaborateur de C.G.Jung…. »

En effet, « l’art psychopathologique » s’évoluera subtilement vers la « psychopathologie de l’expression » avec les théories de Winnicott sur l’expression et sur la création et celle de C.G.Jung qui accorde une importance capitale au « l’instinct créateur » et souligne le rôle de l’imagination créatrice dans le processus d’individuation.

Le concept de Winnicott sur « l’objet transitionnel » est fondamental dans toutes les doctrines de l’art-thérapie.

Un espace « intermédiaire » qui renvoie et permettre au processus de « décollement entre la mère et l’enfant », entre le thérapeute et son patient. Une forme de fusion et défusion mais vécu dans la différence.

Ainsi, la valeur thérapeutique de l’art-thérapie n’est pas l’œuvre lui-même, mais le processus de création qui contribue à la construction d’un espace symbolique (identique à Winnicott) entre thérapeute et patient.

« L’ouvre est là. Elle n’a pas à être interprétée. Ce qui est important est ce qui se passe pendant sa construction, ce qui est en mouvement, en transfert dans le cadre mise en place… » – dit Annie Boyer dans son « Manuel d’art-thérapie ».

C’est ce lieu de la créativité que l’homme s’extériorise « involontairement » et retrouve sa liberté propre.

Ainsi, l’attention est focalisée sur le monde symbolique du patient, dans un espace de la même qualité que « l’espace intermédiaire » de Winnicott. Cet espace unifie et sépare en même temps.

C’est pour laquelle, l’art-thérapie est une très bonne indication pour les patients qui présentent des problèmes au stade entre symbiose et la séparation-individuation et qui n’ont pas acquis, ou peut être partiellement, la « constance de l’objet ».

1949 – Compagnie de l’Art Brut

La création de la « Compagnie de l’Art Brut » par Jean Dubuffet. Ses auteurs sont des « marginaux » qui accomplissent d’une invention personnelle, hors du circuit des artistes de beaux-arts. Nous sommes en face des ouvres des pensionnaires d’hôpitaux psychiatriques, des détenus ou des autres formes inadaptés, des cas gériatriques ou des médiums, etc.

Le répondant psychiatrique correspondant du mouvement d’art brut sera l’école antipsychiatrique anglaise.

1964 – Société de Psychopathologie de l’Expression

A partir de la constitution de la « Société de Psychopathologie de l’Expression » en 1964 à l’hôpital Sainte-Anne à Paris (le même endroit où en 1950 la première exposition d’art psychopathologique a eu lieu) des nombreuses Association, Centre d’Etude et d’Institution étaient fondées autours de l’art-thérapie.

1967 – Fondation du British Association of Art Therapists

1969 – Fondation de l’Américan Art Therapy Association

1972 – Art Brut

Une collection de l’Art Brut est installée à Lausanne où Michel Thévoz accueillera la collection de Dubuffet.

1973 – Ouverture du Musée des images de l’inconscient

Au Centre psychiatrique national de Rio de Janeiro (un de plus grand hôpital psychiatrique du Brésil), sous la direction de Dr Silveira de Nise, la « Musée des images de l’inconscient » ouvre ses portes où il expose plus de 300 000 ouvres plastiques.

1974 – Fondation du Centre d’Etude de l’Expression

1978 – Art Cru

L’atelier « Art Cru » donnera les premières formations d’animateurs en atelier d’expression, dirigé par Dr Jean Broustra et par Guy Lafargue.

Pour le psychanalyste Broustra, selon Klein, « l’expression est énonciative, interdiscursive, transitive et interactive. Elle est une interaction dans la psychothérapie des psychoses ».

Les deux artistes « hors psychiatrie », Arno Stern et Max Pagès qui vont enrichirent ce démarche d’Art Cru.

Selon d’eux, l’expression, cette une nécessité intérieure, une énergie vitale hors circuit intellectuel et ainsi l’expression est la « formulation de sensations et non la représentation d’un sujet ».

1981 – Art et Thérapie

La première édition de la revue « Art et Thérapie » a eu lieu en 1981, sous la rédaction de Klein Jean-Pierre et à partir de 1986, l’édition des « Cahiers de l’Art Cru ».

1986 – Fondation  l’Institut National d’Expression et de Création d’Art et de Thérapie

1987 – Fondation de l’Association pour le Développement de l’Expression Primitive

La fondation par Schott Billmann de « l’Association pour le Développement de l’Expression Primitive » à Paris.

1988 – Fondation de la Fédération Française des Art-Thérapeutes

…et en ce dernier temps, qu’est-ce qu’il est devenue l’art-thérapie ?

Les « Centre », les « Association », les « Société », les « Institution » sont plus en plus nombreux, en Europe, en Amérique et en Asie. Les « Colloque », les « Exposition » et les « Congrès » sont presque annuels pour approfondir les diverses sujets de l’art-thérapie.

En 2001, on assiste à la naissance du 1er forum interactif francophone sur Internet (Le portail « universal-art-forum » – www.u-a-f.org).

On peut observer aussi une abondance dans le domaine du livre et des publications ainsi que des cahiers et des revues français et étrangers.

Parmi ces nombreuses Fondation et Centre, voici, en 2013, la création de « Institut Athanor », une Association franco-belge qui enseigne une méthode spécifique de l’art-thérapie, celle de l’Analyse des Mythes Corporels (AMC). 

L’ART INTIME EST UNE NOUVELLE DÉMARCHE ARTISTIQUE CONTEMPORAINE

L’Art Intime une démarche artistique où la puissance des œuvres surgit de l’intensité émotionnelle, d’une tension entre le vécu et le sens transcrit dans la matière et non d’une savoir académique ou d’un technique artistique.

L’intime c’est le grain de nacre autour lequel la perle se forme.

 La racine étymologique du mot « intime » a d’origine latine « intimus », veut dire « intra », « à l’intérieur de… » En effet « intimus »  » est à la fois un lieu, une notion originelle et une nature.

En sens réflexif, l’intime est « ce qui est au plus profond d’un être, ce qui constitue sa nature essentielle et demeure cachée. » En sens extensif, le mot intime se défini comme « très uni, très lié à quelqu’un » et dans ce sens il se rapport à une idée de relation.

L’intime est une qualité d’être, un espace nécessaire pour abriter notre noyau identitaire, ce qui est le contenu le plus profond de l’individu, sans être révélé et divulgué et pourtant partager par ce mouvement qui relie le visible à l’invisible.

La méthode d’Analyse des Mythes Corporels (AMC©) est un des précurseurs et facilitateur de ce courant artistique qui est l’Art Intime.

LA MÉTHODE D’ANALYSE DES MYTHES CORPORELS (AMC©)

C’est une méthode d’art-thérapie qui, pour atteindre l’inconscient, transplante les principes de l’analyse classique jungienne au niveau du corps et de l’image-symbole. Elle remplace les libres associations par des expressions libres dans le champ des arts plastiques.

L’AMC © travaille également l’image psycho-corporelle et la définit dans un cadre proche de Gaston Bachelard.

 Dans la pratique de l’AMC©, les contes et les mythes jouent un rôle essentiel car ceux-ci s’articulent autour des expériences interpersonnelles concrètes de la vie d’un individu. On reconnaît dans le récit des contes et des mythes notre vécu et nos sentiments personnels. Ils expliquent, extrapolent et vérifient ceux-ci.

Dans sa démarche thérapeutique, l’AMC© accompagne le processus de transformation de l’ « Imaginaire » en « Imaginal » en s’appuyant sur les recherches d’Henri Corbin et de Pierre Solié. L’AMC© vise à déclencher et permettre le transmutation d’un « vécu pulsionnel » (souvent lié à un traumatisme) en un « sens vécu » pour amener la personne vers la sublimation ou vers la résilience, en tant que forme d’intégration et de guérison.

La méthode d’Analyse des Mythes Corporels est un des précurseurs et un facilitateur de ce courant artistique qu’est l’Art Intime.

La conception pédagogique de l’enseignement de l’Analyse des Mythes Corporels (AMC©)

L’Institut Athanor propose principalement une « formation expérientielle » où chaque élève/professionnel est acteur de son savoir.

C’est un enseignement qui est plus proche d’un « processus d’initiation » que d’un processus d’enseignement traditionnel où le « savoir » risque d’être « non-incarné ».

Pierre Solié dans son livre Médecines initiatiques, aux sources des psychothérapies, pose la question suivante: « A la limite, sommes-nous des médecins ? Si oui, nous sommes alors beaucoup plus proches du chaman et du prêtre guérisseur que du médecin-pilule ou bistouri. Nous sommes même, à coup sûr, les chamans de notre siècle ».

En effet, l’Institut d’Athanor propose une pédagogie dite « affective » où, sans vouloir désacraliser le « savoir absolu », il n’est pas tant question d’absorption de concepts théoriques, mais plutôt d’un vécu actif et agissant qui oblige les élèves à poser des questions et à s’ouvrir à des réflexions dans le domaine de l’art-thérapie, à partir de leur vécu de la création.

L’enseignement adopté par l’Institut Athanor adhère à un « savoir incarné » qui se base sur le vécu et sur la vérité de chacun.

C’est une formation qui pourrait être appelée « formation en laboratoire », car elle invite chaque participant à vivre une série de chocs :

  • le choc de se confronter soi-même, à des défis simples et pourtant irréfutables;
  • le choc de percevoir ses propres évasions, ses clichés, inépuisables et cependant insuffisants;
  • le choc de pressentir quelque chose de ses propres ressources, vastes, inexplorées insondables et profondes;
  • le choc d’être forcé de reconnaître que telle ou telle questions existe et que le temps est venu de l’ affronter; et de découvrir qu’on veut  l’affronter, etc.

Mais finalement, et en dernier lieu, comme Henri Corbin l’a si bien révélé :

«De son secret, chacun ne comprendra que ce que la propre mesure de son âme lui permet de comprendre.»

LA MÉTHODE ANALYSE DES MYTHES CORPORELS UTILISE PLUSIEURS TECHNIQUES COMPLÉMENTAIRES

En voici quelques-unes, puis une brève description ainsi que la façon dont l’AMC intègre ces techniques :

  • Le jeu de sable de Dora K.
  • Mythanalyse de Laura S.
  • Psychomagie de Jodorowsky
  • Mascothérapie de Henry S.
  • Technique de Laban

Psychomagie de Jodorowsky

Alexandro Jodorowsky et la psychomagie

L’approche « artistico-thérapeutique » fondée par Alexandro Jodorowsky, quoiqu’en certains points discutables, recoupe néanmoins plusieurs des principes de l’AMC©.

Voici en quelques mots les lieux de convergence de ces deux pratiques.

Jodorowsky affirme « le pouvoir de guérison de l’imagination ». Si nous acceptons le lien imagination-création, ce postulat rejoint celui de « processus de création » visant à donner du sens à un traumatisme par le moyen d’un mouvement créateur.

Tout comme l’AMC©, la psychomagie est un cheminement vers l’individuation jungienne respectant en grande partie les étapes nécessaires à celle-ci. Ainsi:

  • l’acte poétique  ouvre une voie vers la rencontre de l’Ombre
  • l’acte théâtral remet en question la place de la Persona
  • l’acte onirique fait appel aux rêves et à leur amplification
  • l’acte magique repose sur la puissance des symboles
  • l’acte psychomagique, enfin, est destiné à inscrire dans le corps toute prise de conscience par le biais d’actes ritualisés.

Si l’AMC© n’adhère pas entièrement dans la forme à la pratique thérapeutique de la  psychomagie de Jodorowsky, elle la rejoint pleinement sur le fond: dénouer les nœuds de l’inconscient pour tendre à l’authenticité spécifique de l’individu, ce que Jung nomme « l’intégration du Soi ».

Article rédigé par Dominique Ducarme, art-thérapeute AMC

En savoir plus : Alexandro Jodorowsky, Le théâtre de la guérison, coll. Espaces libres, Albin Michel, 2001.