L’histoire de l’art-thérapie qui permet aussi de situer la méthode de l’AMC

L’art-thérapie est une pratique thérapeutique avec une médiation de l’expression artistique spontané.

Si nous reprenons l’historique…

… au commencement, était « l’art psychopathologique » qui marquer l’intérêt des psychiatres pour les productions artistiques des « fous » (de leurs fous ?) et la valeur psychopathologique de ces œuvres.

1872- Peintures des fous

Voici née le premier texte sur l’intérêt des « peintures des fous », publié par Tardieu Ambroise (intitulé : Etude médico-légale sur la folie) où est développé le « mythe de l’artiste fou » en relation avec le décadences mentale.

Peu de temps plus tard, en 1907, dans l’écrit d’un médecin à l’asile, Paul Meunier (sous le pseudonyme de Marcel Réja) sur « l’art chez les fous », cette vision culmine dans la théorie que, la maladie mentale éloignant de la réalité quotidienne permettre de retrouver l’innocence créative au même titre que l’enfance ou l’état sauvage.

1922- Expression de la folie

La publication de Prinzhorn Hans (assistant à la clinique psychiatrique de Heidelberg) sur l’« Expression de la folie » ouvre une nouvelle porte pour la compréhension. Il récolte dans une collection exceptionnelle de l’époque, de quelques 5 000 peintures et dessins venant d’environ 450 malades mentales de pays européens.

Là, il s’agit d’un œuvre clé ayant une influence formidable sur le monde artiste, surtout Max Ernst qui vient d’installer à Paris et amènera un exemplaire à Paul Eluarde qui fera circuler immédiatement parmi les surréalistes.

Jean-Pierre Klein écrit sur Hanz Prinzhorn :

« …Il n’est pas seulement un psychiatre, c’est un esthète et un artiste. Il étudie l’histoire de l’art, la philosophie et le chant….Se disant proche de la pensée indienne Navajo, il est un ami de Nietzche et collaborateur de C.G.Jung…. »

En effet, « l’art psychopathologique » s’évoluera subtilement vers la « psychopathologie de l’expression » avec les théories de Winnicott sur l’expression et sur la création et celle de C.G.Jung qui accorde une importance capitale au « l’instinct créateur » et souligne le rôle de l’imagination créatrice dans le processus d’individuation.

Le concept de Winnicott sur « l’objet transitionnel » est fondamental dans toutes les doctrines de l’art-thérapie.

Un espace « intermédiaire » qui renvoie et permettre au processus de « décollement entre la mère et l’enfant », entre le thérapeute et son patient. Une forme de fusion et défusion mais vécu dans la différence.

Ainsi, la valeur thérapeutique de l’art-thérapie n’est pas l’œuvre lui-même, mais le processus de création qui contribue à la construction d’un espace symbolique (identique à Winnicott) entre thérapeute et patient.

« L’ouvre est là. Elle n’a pas à être interprétée. Ce qui est important est ce qui se passe pendant sa construction, ce qui est en mouvement, en transfert dans le cadre mise en place… » – dit Annie Boyer dans son « Manuel d’art-thérapie ».

C’est ce lieu de la créativité que l’homme s’extériorise « involontairement » et retrouve sa liberté propre.

Ainsi, l’attention est focalisée sur le monde symbolique du patient, dans un espace de la même qualité que « l’espace intermédiaire » de Winnicott. Cet espace unifie et sépare en même temps.

C’est pour laquelle, l’art-thérapie est une très bonne indication pour les patients qui présentent des problèmes au stade entre symbiose et la séparation-individuation et qui n’ont pas acquis, ou peut être partiellement, la « constance de l’objet ».

1949 – Compagnie de l’Art Brut

La création de la « Compagnie de l’Art Brut » par Jean Dubuffet. Ses auteurs sont des « marginaux » qui accomplissent d’une invention personnelle, hors du circuit des artistes de beaux-arts. Nous sommes en face des ouvres des pensionnaires d’hôpitaux psychiatriques, des détenus ou des autres formes inadaptés, des cas gériatriques ou des médiums, etc.

Le répondant psychiatrique correspondant du mouvement d’art brut sera l’école antipsychiatrique anglaise.

1964 – Société de Psychopathologie de l’Expression

A partir de la constitution de la « Société de Psychopathologie de l’Expression » en 1964 à l’hôpital Sainte-Anne à Paris (le même endroit où en 1950 la première exposition d’art psychopathologique a eu lieu) des nombreuses Association, Centre d’Etude et d’Institution étaient fondées autours de l’art-thérapie.

1967 – Fondation du British Association of Art Therapists

1969 – Fondation de l’Américan Art Therapy Association

1972 – Art Brut

Une collection de l’Art Brut est installée à Lausanne où Michel Thévoz accueillera la collection de Dubuffet.

1973 – Ouverture du Musée des images de l’inconscient

Au Centre psychiatrique national de Rio de Janeiro (un de plus grand hôpital psychiatrique du Brésil), sous la direction de Dr Silveira de Nise, la « Musée des images de l’inconscient » ouvre ses portes où il expose plus de 300 000 ouvres plastiques.

1974 – Fondation du Centre d’Etude de l’Expression

1978 – Art Cru

L’atelier « Art Cru » donnera les premières formations d’animateurs en atelier d’expression, dirigé par Dr Jean Broustra et par Guy Lafargue.

Pour le psychanalyste Broustra, selon Klein, « l’expression est énonciative, interdiscursive, transitive et interactive. Elle est une interaction dans la psychothérapie des psychoses ».

Les deux artistes « hors psychiatrie », Arno Stern et Max Pagès qui vont enrichirent ce démarche d’Art Cru.

Selon d’eux, l’expression, cette une nécessité intérieure, une énergie vitale hors circuit intellectuel et ainsi l’expression est la « formulation de sensations et non la représentation d’un sujet ».

1981 – Art et Thérapie

La première édition de la revue « Art et Thérapie » a eu lieu en 1981, sous la rédaction de Klein Jean-Pierre et à partir de 1986, l’édition des « Cahiers de l’Art Cru ».

1986 – Fondation  l’Institut National d’Expression et de Création d’Art et de Thérapie

1987 – Fondation de l’Association pour le Développement de l’Expression Primitive

La fondation par Schott Billmann de « l’Association pour le Développement de l’Expression Primitive » à Paris.

1988 – Fondation de la Fédération Française des Art-Thérapeutes

…et en ce dernier temps, qu’est-ce qu’il est devenue l’art-thérapie ?

Les « Centre », les « Association », les « Société », les « Institution » sont plus en plus nombreux, en Europe, en Amérique et en Asie. Les « Colloque », les « Exposition » et les « Congrès » sont presque annuels pour approfondir les diverses sujets de l’art-thérapie.

En 2001, on assiste à la naissance du 1er forum interactif francophone sur Internet (Le portail « universal-art-forum » – www.u-a-f.org).

On peut observer aussi une abondance dans le domaine du livre et des publications ainsi que des cahiers et des revues français et étrangers.

Parmi ces nombreuses Fondation et Centre, voici, en 2013, la création de « Institut Athanor », une Association franco-belge qui enseigne une méthode spécifique de l’art-thérapie, celle de l’Analyse des Mythes Corporels (AMC).